Dans le livre d'Ezéchiel, l'attention de Dieu aux personnes était merveilleusement décrite : "la brebis perdue, je la chercherai, l'égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la soignerai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître avec justice…"

La véritable religion, le culte qui plait à Dieu, c'est l'attention aux autres. La fidélité au Dimanche ne vise qu'une chose : nous faire découvrir ce qui plait à Dieu, nous laisser entraîner dans la dynamique de l'amour de Dieu. Est-ce que je ressors de nos célébrations, animé de cet esprit, habité de ce désir, renforcé dans cette volonté ?

Adam, dans son péché, est le modèle de l'homme préoccupé d'abord de lui-même et qui introduit par la mort dans le monde. Jésus, lui, nous arrache à cette mort en nous montrant un autre chemin qui est, lui, porteur de vie : l'oubli de soi et l'attention aux autres. Suivons de préférence le Christ !

Dans le Royaume de Dieu, ce qui est mis à l'honneur, c'est l'attention aux autres, aux "petits", aux fragiles, aux blessés, aux insécurisés... Jésus d'ailleurs nous en avait donné l'exemple tout au long de son pèlerinage terrestre. Non seulement il fréquentait tous ceux qui étaient tenus en marge de la société, mais encore il les aidait à retrouver confiance en eux et en la vie. Non seulement il les remettait dans le circuit de la vie communautaire, mais de plus il faisait d'eux des éléments moteurs pour la société qui les avait marginalisés.

Jésus nous parle de demain pour orienter notre aujourd’hui. Il nous révèle en effet la valeur, la profondeur inouïes de chaque geste d’attention, de service, de bonté à l’égard « d’un de ces petits qui sont ses frères ».

C'est donc à un autre regard que nous sommes appelés. Notre société privilégie ceux qui réussissent ; en Dieu, ceux qui ont la première place, ce sont les petits et tous ceux qui leur sont venus en aide. Pour Dieu la caissière de carrefour est aussi importante que le patron, la cuisinière, la secrétaire aussi importante que le professeur ou le directeur d’école… Dieu est attentif aux personnes, il vibre à leur détresse, il en est "saisi aux entrailles" : ça lui fait mal. Qui vient au secours d'un homme en détresse, le soulage, lui, personnellement. Et Dieu lui en est éternellement reconnaissant : à ceux qui seront à sa droite il dira "venez, les bénis de mon Père…"

Dans cet Évangile, nous retrouvons l'image du berger qui rassemble. Par sa puissance, il comble les fossés, il renverse les barrières, il réconcilie ceux et celles qui s'étaient éloignés. Tout au long de l'histoire, Dieu manifeste son désir de rassembler et de réconcilier. Reconnaître la royauté du Christ c'est bâtir des ponts plutôt que des murs, c'est lutter contre toutes les formes de discrimination et de rejet, c'est construire des communautés fraternelles. Notre monde en a bien besoin.

C'est chaque jour que nous avons à puiser à la source de Celui qui est l'Amour. C'est avec le Christ Roi de l'univers que nous apprenons à aimer comme il nous aime.

Et bien sûr, c'est en regardant vers la croix du Christ que nous commençons à comprendre : Jésus y a souffert l'emprisonnement, les blessures, la soif, le rejet. Il est allé jusqu'au bout du don. "Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime". En ce jour, nous sommes tous invités à mettre nos pas dans ceux du Christ pour vivre éternellement.

 

Dès maintenant, mystérieusement, à travers le moindre de nos actes, se tisse, de manière décisive, la vérité de notre rencontre avec le Christ vainqueur de la mort. Voilà la révélation de cet évangile. Et, au fond, ce n’est peut-être pas totalement une réelle surprise... Souvenons-nous de ces moments dans notre vie, très fugitifs, mais d’une douceur extraordinaire, où nous avons entrevu sur le visage du petit, du faible secouru ou visité, dans son sourire ou l’éclat de ses yeux, quelque chose d'un autre visage. Ce visage que l’Evangile nous aide à nommer : celui du Fils de l’Homme. Merci Seigneur de nous le rappeler.