Rameaux

Nous avons accueilli, avec joie et allégresse, Jésus dans la ville sainte, dans notre église, dans nos cœurs. « Hosanna, Fils de David, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »

Demain nous nous l’entraînerons loin de nos cœurs et de cités, les foules lanceront et lancent des cris de haine envers Jésus qui a passé sa vie à faire le bien, ils demanderont sa mort.

CE jour, la foule étend ses manteaux sur le chemin pour lui rendre hommage, demain nous enlèverons les vêtements du Christ pour le couvrir de blessures, de ridicule et d’injures.

Ainsi, parfois nous permettons au Christ d’entrer chez nous et parfois nous le rejetons hors de nos vies. Qu’en sera-t-il cette semaine ?

C’est seulement sur la croix que nous comprenons qui est ce Jésus, qui est Dieu !

 Il est « fils », il est « roi », mais pas comme les hommes se l’imaginent... Il est tout amour, il est l’amour absolu, qui meurt pour « les autres » ... Ce roi est le serviteur sans privilège et sans domination, qui « est venu pour servir et non pour être servi ».

Regardons de plus près. Après la Shoah, après le génocide rwandais ou d’autres encore, beaucoup se sont interrogés : « pourquoi Dieu n’a pas empêché le massacre de millions d’innocents ? » Nous adoptons alors la logique qui était celle des disciples qui acclamaient Jésus avec des rameaux : voici, pensaient-ils celui qui va rétablir l’ordre et la justice. Or, - scandale -, que fait Jésus ? Il laisse faire le désordre, la folie meurtrière, la violence démesurée qu’est sa mise en croix.

Parce qu’il a pris le risque de nous créer libres, Dieu n’est pas absent de nos barbaries, Il n’est pas le justicier, mais il prend la place de la victime. Dieu en Jésus prend sur lui toutes les humiliations du monde. Et il fait de ce lieu de mort et d’horreur, le levier de la vie et du pardon. L’Incarnation va jusque-là. Cette violence qui est au cœur de l’homme et du monde, Jésus, se place du côté des victimes. Il nous libère de ce Mal, en démontrant l’absurdité de tout recours à la vengeance ou aux représailles.

Jésus, par sa mort, devient ce chemin ouvert à la vie, celui de l’Amour mais aussi celui de la fragilité parce qu’amour.

La Passion sépare les violents des artisans de paix, les puissants de ce monde d’avec les pauvres, ceux qui pensent qu’être c’est posséder de ceux qui savent qu’être c’est aimer, ceux qui font le choix de l’argent, de la puissance, de la force et ceux qui construisent leur vie sur l’amour, la compassion, le pardon.

Cette semaine par notre prière et aussi par nos gestes plus fraternels, soyons de ces Simon de Cyrène qui d’un geste, d’un sourire, d’un coup de main, apporte un peu de paix et de lumière à Jésus présent dans ceux qui souffrent.