Voici l’Heure du Seigneur ! voici l’heure des ténèbres et l’Heure de la Lumière qui perce la nuit ! En cette heure de la croix, voici la dernière tentative de Satan : ‘Si tu es le Fils de Dieu sauve-toi, toi-même’. Et toi Seigneur, humble serviteur, tu ne réponds pas à la provocation…

Qui es-tu Roi d’humilité ?

La royauté du Christ s’inscrit dans celle de David. David était loin d’être l’homme parfait et ses péchés sont nombreux. Mais il reconnaît toujours sa faiblesse et son péché, il se soumet ainsi à Dieu, sa royauté il l’a reçu de Dieu, il l’a remet toujours entre les mains de Dieu. David ne se croit pas au-dessus des autres, dans sa prière il reste humble et pécheur, il pleure ses ennemis, et monté sur un âne il accepte le sort que Dieu lui réserve.

Jésus prend sur Lui les péchés des hommes, les péchés du monde, il pleure les pécheurs que nous sommes et donne sa vie pour nous et pour tous. Il s’en remet toujours au Père.

La royauté du Christ, comme le rappelle l’évangile de ce jour, se manifeste dans la croix et seulement sur la croix.

Jésus est roi de justice et de paix : Il a fait la paix par le sang de la croix, dit St Paul.

Le premier à entrer dans le royaume n’est ni un disciple, ni une sainte femme, ni un apôtre, ni un homme saint, juste un malfaiteur, crucifié, pour ses actes, aux côtés de Jésus. Pour entrer au royaume il faut emprunter ce même chemin d’humilité et de faiblesse. Jésus le rappelle lorsque les disciples se disputent pour savoir qui sera le premier dans le royaume.

Nous sommes bien loin de ces royautés qui écrasent et s’imposent aux hommes. Nous sommes loin d’une royauté dogmatique qui vient d’en haut. La royauté du Christ se manifeste au cœur de la souffrance et de la mort de l’homme, au cœur de son péché. C’est parce qu’Il sauve l’humanité du péché et de la mort, en les prenant sur ses épaules et dans son cœur de Fils, qu’Il est Roi de l’univers et notre Salut.

La croix est le trône où il est monté librement pour dire son amour non seulement aux juifs mais aussi au monde entier ; car “il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime”.

L’Évangile nous montre plusieurs manières de répondre à ce sacrifice du Christ : le peuple restait là à observer, les chefs religieux le tournent en dérision ainsi que les soldats ; l’un des malfaiteurs condamné en même temps que lui se met à l’injurie. Jésus ne répond pas à ces provocations. Mais il accueille la prière de celui que nous appelons le “bon larron” : “Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume.”

Quand les soldats interpellent Jésus en lui demandant de se sauver lui-même, Luc révèle que la royauté de celui-ci n’est pas dans un salut égoïste mais bien dans un salut universel. Dieu n’a pas besoin de Salut, mais l’univers, oui. Nous sommes donc appelés, de par notre baptême, à être comme lui signe de salut pour le monde, notre royauté s’enracine dans celle du Christ qui nous rend serviteurs de nos frères et sœurs.

C’est aussi cette prière que nous faisons monter vers le Seigneur : “Souviens-toi de nous”. Nous reconnaissons en lui l’image du Dieu invisible, le premier ressuscité, la tête de l’Église. Il nous répond par la miséricorde. À travers nos paroles, nos actes et toute notre vie, nous avons à être les messagers de cette miséricorde. La journée du Secours Catholique oriente notre regard et notre action vers les plus fragiles. À travers eux, c’est le Christ qui nous attend. Oui, Seigneur, souviens-toi de nous dans ton Royaume. Souviens-toi des blessés de la vie, des victimes de la précarité, des guerres et des violences. Fais de nous des témoins et des messagers de l’amour qui est en toi. Et nous avons la ferme espérance qu’un jour tu nous répondras : “Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis”.