Sainte Famille (29/12/19)

Saint Paul nous appelle à « vivre ensemble dans le Christ ». Il nous expose les vertus qui favorisent une belle vie de famille, la tendresse, la bonté, l’humilité, la douceur, la patience, le pardon. Et « par-dessus tout, qu’il y ait l’amour ». Tout cela ne sera vraiment possible que si nous laissons le Christ habiter en nous. En ce temps de Noël, nous fêtons la naissance de Jésus : il veut naître aussi en nous pour transformer notre vie et la rendre de plus en plus conforme à son amour. Vivre Noël, c’est d’abord accueillir le Christ dans notre vie.

L’Évangile nous montre une famille unie et solidaire autour de l’enfant qu’il faut protéger à tout prix. En cette nuit de Bethléem, elle dort du repos des justes. Mais à Jérusalem, Hérode ne dort pas. Il cherche à faire périr l’enfant car il ne veut pas de rival. Face au danger, Marie et Joseph font ce que l’ange du Seigneur leur demande : ils partent le plus loin possible pour protéger l’enfant.

La sainte famille est toujours en chemin : avant la naissance de Jésus, Marie fait un long trajet pour se rendre chez sa cousine Élisabeth. Puis c’est le voyage de Nazareth vers Bethléem pour le recensement ; et aujourd’hui, l’évangile nous dit qu’ils doivent fuir en Égypte  pour échapper à la colère d’Hérode. Tout au long de sa vie, Jésus passera de village en village pour annoncer la bonne nouvelle. Voilà la Sainte Famille : c’est dans sa capacité de se mettre en route qu’elle nous est présentée comme un modèle. Elle accepte de se laisser interpeller par les événements. Malgré les contrariétés et les épreuves, elle fait confiance à Dieu.

Nos familles de la terre sont aussi secouées et bousculées. Parents, grands-parents et enfants ne sont pas épargnés par les aléas de la vie.

La Sainte Famille nous est ainsi présentée en modèle dans le concret d’une existence éprouvée. C’est une vraie famille, comme il y en a tant de par le monde, jetée sur les chemins de l’exil pour échapper à la violence brutale. Vous tous, ces foyers qui vous battez contre des conditions de vie difficiles (santé, budget, parfois de dialogues difficiles ou d’affections brisées), regardez donc vers la famille de Joseph et de Marie. Comme les vôtres, elle a connu les déchirements et les angoisses, elle s’est débattue dans les turbulences de l’histoire. Ce jeune couple, ce sont des expulsés, des « sans papier », chassé de leur pays par la guerre, la famine, le chômage ou la dictature. « Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr ... ». Oui, hélas, aujourd’hui aussi « Rachel pleure ses enfants et ne veut pas qu’on la console ! » Les enfants du monde, qui sont tous nos enfants, et dont on exploite le travail, qu’on viole, qu’on prostitue, qu’on drogue, qu’on arme, qui gênent et qu’on tue...

La première leçon que nous donne l’attitude de Joseph, le courageux et le responsable, est celle d’une confiance totale dans la Parole de Dieu, malgré l’obscurité de la foi, au creux même des périls et des insécurités. Dans l’odeur de mort qui rôde autour de l’enfant Jésus, un sauvetage surgit, une espérance se lève. Ce n’est pas un coup de baguette magique qui nous fait sortir de nos situations difficiles et fait l’accomplissement de la volonté de Dieu. C’est en découvrant la douceur désarmée du petit de Bethléem qui vient nous y rejoindre pour nous garder de la désespérance.

Aujourd’hui Dieu continue à écrire droit sur nos lignes courbes. Malgré tout, son dessein avance. Osons le croire pour nous, maintenant. Le second enseignement, c’est le fantastique appel à la responsabilité que contient cet évangile de la Sainte Famille. Jésus, « Dieu sauve », ne se défend pas lui-même. Il se remet entre les mains de ces croyants que sont Joseph et Marie. Quel immense respect de l’homme ! Quelle immense responsabilité de l’homme ! Dieu veut la vie et confie cette tâche à des hommes et des femmes engagés, les parents étant en première ligne.

Jésus a voulu faire partie d’une famille humaine. Il y a connu des joies, des souffrances et des épreuves comme dans toutes les familles de la terre. Mais plus tard, il nous dira qu’il fait partie de la grande famille de Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit. Et ce qui est encore plus extraordinaire, c’est qu’il est venu pour nous y faire entrer.

Aujourd’hui, nous confions au Seigneur toutes nos familles de la terre, en particulier celles qui connaissent de douloureuses épreuves. Il est là, « au cœur de nos vies », mais souvent, c’est nous qui sommes ailleurs. Nous t’en prions, Seigneur, que toute notre vie soit imprégnée de ta parole et de ton amour pour que nous puissions en témoigner auprès de tous ceux et celles que nous croiserons sur notre route. Amen.