Fête de tous les saints. Une fête qui nous est donnée comme un point lumineux sur nos routes humaines trop souvent noyées dans les épais brouillards de la grisaille, de l’absurde et du non-sens.

Nous pensons que c’est la fête de ceux qui nous ont quitté et qui ont fait du bien sur terre, et c’est déjà bien. Parmi ceux-là, certains sont canonisés et des milliers sont inconnus. Mais fêter la Toussaint en ne pensant qu’à ceux qui sont partis amputerait la fête de bon nombre de personnes : nous, les vivants d’aujourd’hui. Nous tous, appelés à devenir saints, à entrer dans la sainteté de Dieu, le seul vrai saint. La fête de la Toussaint est aussi la fête de la communion des saints, de la communion des hommes et des femmes de toutes langues, histoires et cultures cherchant à vivre de l’amitié et de l’amour, de la bonté et de la joie, de la miséricorde et du pardon qui viennent de Dieu et nous disent Dieu ... La fête de la Toussaint est peut-être d’abord fête de la communion, de la relation d’unité de tous les hommes. Faisant de toute l’humanité une seule et même famille invitée, appelée par Dieu à grandir et à atteindre sa plénitude.

Malgré les verbes utilisés au futur, les paroles de Jésus que nous entendons ce matin ne sont pas des promesses pour demain. Elles sont invitations pour aujourd’hui. Invitations à vivre et à grandir dans la sainteté de tous les jours, par la douceur, la simplicité, la miséricorde, la compassion, la pureté de cœur, le travail de la paix, la lutte pour la justice... Invitations qui ne demandent pas d’adhésion à une foi ou à une croyance, mais qui s’adressent à tous les hommes, quels qu’ils soient. Paroles qui rejoignent tous les hommes dans ce qu’ils ont de plus beau à partager et à vivre. Qui d’entre nous ne recherche pas la douceur, la pureté du cœur, la paix et la justice ? Qui ne désire pas au fond de lui un bonheur vrai et profond, loin des bonheurs artificiels vendus de toutes parts ?

« Heureux », dit Jésus, à neuf reprises. Qui mieux que Lui a vécu ses béatitudes ? Jésus nous invite à entrer dans son mystère par toute notre vie. Ces paroles sont un chemin à prendre pour trouver la vraie joie en soi et entre nous.

Un chemin à prendre... Nous pouvons parler des béatitudes toute la journée, et nous n’aurons pas grandi en sainteté, dans la communion de notre humanité... Il nous faut les vivre !

Si, en étant dans une église, je regardais les vitraux, tel celui de notre feuillet de chants, ils nous disent que Dieu est lumière pour le monde et pour tous, comme pour chacun, personne n’est exclu. La lumière qui entre dans nos églises à travers les vitraux disent Dieu qui nous éclaire et nous guide. Les saints qui sont souvent représentés à travers les vitraux nous disent qu’ils accueillent et laissent passer la lumière de Dieu. Ils portent diverses couleurs, comme la couleur de nos vis au quotidien, et selon l’heure et la lumière du jour, le vitrail accentue ou diminue certaines couleurs… A chacun de nous, comme ceux qui nous ont quittés, comme les saints, comme ceux qui nous entourent et que nous côtoyons, accueillons, laissons nous traverser par la lumière de Dieu pour la transmettre au monde.

Et si, aujourd’hui nous choisissions une béatitude qui résonne davantage que les autres. Une qui sonne comme un appel, ou comme une joie retrouvée. Et nous allons la laisser nous réveiller, puis nous envahir. Ce n’est plus nous qui allons la choisir, mais elle qui va nous choisir pour cheminer en nous.

Alors nous serons encore davantage en communion les uns avec les autres, pour ensemble nous porter les uns les autres, et continuer notre prière jusqu’à nous offrir humblement et plein de confiance, dans l’eucharistie et l’action de grâce.

Nous pourrions mettre en évidence deux catégories d’heureux : ceux qui donnent et ceux qui reçoivent. Il y a ceux qui sont épuisés, tristes, et en face, celui qui aide et remet debout… Nous aussi, à des moments de notre vie, nous avons besoin d’un autre pour nous soutenir, nous relever, nous mettre en marche, et plus tard nous pourrons à notre tour apporter lumière à l’autre qui est accablé dans les ténèbres.

Proches des uns et des autres, nous mettons en marche la chaîne de l’amour, celle de cette foule immense au pied de l’Agneau, au pied de Jésus, immolé, vainqueur !

La sainteté se reçoit de nos mains ouvertes au don de Dieu, ouvrons nos mains et nos cœurs et permettons au Seigneur de travailler en nous et à travers nous ! BONNE FETE !