« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite », Évitez, évitons de vivre une vie chrétienne incolore, inodore et insipide… il n’est pas suffisant d’être baptisé, de faire sa communion, pour entrer dans le Royaume. Les adversaires de Jésus s’imaginaient qu’ils pouvaient entrer simplement parce qu’ils étaient « fils ou fille d’Abraham », ou encore parce qu’ils avaient entendu Jésus prêcher, ou qu’ils avaient mangé avec lui…

La porte est ouverte et l’entrée est libre. Il n’est pas besoin de payer de taxes spéciales, de donner des pots de vin. Cependant, la porte est étroite et, utilisant une image bien connue au Moyen Orient, « le chameau qui a trop de bagages ne peut la traverser ».

Pour emprunter cette porte étroite, il faut mettre la parole de Dieu en pratique : « Vous serez mes amis si vous faites ce que je vous commande » (Jean 15, 14)

Matthieu dans son évangile nous dit que pendant notre vie, nous avons le choix entre deux routes... la route de la facilité et de l’égoïsme et la route étroite qui conduit à la vie. La route étroite est celle où nous aidons notre voisin dans le besoin tel le bon samaritain, où nous ne jugeons pas les autres parce que le jugement ne nous appartient pas, où nous pardonnons, où nous sommes conscients des souffrances des autres (« J’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’étais malade et en prison et vous êtes venus me visiter… »). 

Nous savons bien qu’il est difficile de parler d’engagement sans y mettre le prix…qu’il n’y a pas d’amour véritable sans cette capacité de nous sacrifier pour les autres. Pensons aux parents qui ont un enfant handicapé dans la maison ; à celui ou celle qui garde un père ou une mère âgée ou un membre de la famille qui souffre ; au bénévole qui consacre des heures pour une association, une action ; au jeune couple qui veut construire un amour solide et durable. Tout cela demande du don de soi et des sacrifices sans nombre.

Le Christ est exigeant mais il donne un sens nouveau à notre vie. « Je suis venu pour que vous ayez la vie et que vous l’ayez en abondance. »  

« Si aujourd’hui, devant le tribunal, on t’accusait d’être chrétien, est-ce qu’on trouverait suffisamment de preuves pour te condamner ? »

Le texte de ce matin parle d’abord de la porte étroite, mais il nous rappelle aussi que cette porte ne restera pas ouverte indéfiniment. À un certain moment, elle se fermera. Le salut est possible pour chacun de nous, mais il nous faut agir maintenant et nous engager aujourd’hui dans la construction du Royaume, demain il sera trop tard... c'est aujourd'hui qu'il faut profiter du temps qui nous est donné.

Au moment de franchir la porte de la Maison du Père, aucun titre, aucun mérite, aucune appartenance à un groupe, ne pourra servir de mot de passe. Une seule chose compte : notre manière de vivre aujourd'hui.

Le Seigneur nous renvoie à nos responsabilités : c'est nous, dès maintenant, par notre manière de vivre, qui programmons, pour ainsi dire, le Jugement final. Aujourd’hui, le soleil s’est levé et Dieu nous offre une autre journée. Mais nous devons nous rappeler qu’un jour le soleil se lèvera pour la dernière fois sur notre petit monde terrestre. Lorsque ce jour arrivera, la porte se refermera.

La porte étroite ne peut être que l’image de Jésus lui-même qui va vers sa passion.

Dimanche après dimanche, il nous offre le pain rompu et la coupe du vin nouveau pour que toute notre vie devienne eucharistie. C’est au cœur de notre prière et de nos rassemblements, de nos fraternités que le Seigneur nous apprend à devenir signe de cette vie éternelle qu’il veut donner à toutes les nations.  Aujourd’hui, nous lui redisons notre désir de vivre en lui et d’avancer avec lui pour qui tout est possible. Demandons-lui de nous aider à nous débarrasser de tout ce qui nous encombre et de tout ce qui retarde notre marche à sa suite. Que sa parole réveille notre foi, notre amour. Alors nous pourrons marcher vers lui avec la multitude de ceux qu’il appelle. Amen.