18ème dimanche

Matthieu nous présente, dans son évangile, deux banquets, l’un à la suite de l’autre, et veut nous faire réfléchir sur ces deux événements. Il y a d’abord le banquet du roi Hérode suivi du banquet de la multiplication des pains dans le désert que nous recevons aujourd’hui.

Le banquet d’Hérode est symbole d’arrogance, d’égoïsme, d’injustice et de violence. Il se termine par le meurtre de Jean Baptiste.

Contrairement au banquet du Roi, celui offert par Jésus est rempli de bonté et de pitié. « Le Christ vit la foule nombreuse et il en eut pitié. Il guérit leurs malades et leurs infirmes. » (Mt 14, 13) « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai. » (Mt 11, 28)

Dans toute la Bible, l’image par excellence du Royaume est celle du festin : tantôt c’est un banquet offert à tous, tantôt un repas de noces servi à de nombreux convives. C’est toujours un repas de fête où l’on mange et boit à satiété et sans restriction, où on a le temps de vivre et de profiter de l’amitié et de la fraternité.

Dans le désert, les apôtres voulaient renvoyer les gens vers les villages afin qu’ils trouvent de la nourriture, mais le Seigneur refuse de les laisser partir. Il demande à ses disciples de leur « donner eux-mêmes à manger ». Ces derniers se sentent complètement désemparés et démunis devant l’insignifiance de leurs ressources : cinq pains et deux poissons ! Devant les besoins immenses de notre monde, nous avons toujours l’impression de n’avoir rien à offrir, mais le Christ nous dit : « apportez quand même le peu que vous avez ».

Il nous faudrait entendre à nouveau cette histoire que Mère Térésa racontait sur le partage. On lui avait dit qu’un couple de religion indou, avec huit enfants, n’avait pas mangé depuis plusieurs jours. Elle prit un sac de riz, se rendit dans la pauvre maison de cette famille nombreuse et le remit à la mère. Celle-ci vida le riz sur la table de cuisine, le divisa en deux parts égales, en remis une dans le sac et sortit de la maison. Quelques minutes plus tard elle revint et Mère Térésa lui demanda : « Où êtes-vous allée ? » La mère répondit : « Ils ont faim eux aussi !» La famille voisine, qui était musulmane et avait sept enfants, n’avait pas mangé elle non plus depuis plusieurs jours ! Et Mère Térésa de dire : « Lorsque j’ai quitté cette famille, le visage des enfants rayonnait de joie parce qu’ils avaient pu partager leur pauvre nourriture avec la famille d’à côté. Mais ce qui m’a le plus frappé dans cette histoire, ajouta Mère Térésa, c’est que la mère qui souffrait de la faim avec ses enfants savait que la voisine avait le même problème, elle était au courant du malheur de ses voisins.

Le Christ nous invite ce matin à partager le peu que nous avons avec ceux et celles qui sont dans le besoin : cinq pains et deux poissons, c’est peu mais ça peut faire toute la différence. Savoir partager notre peu d’argent, de temps, d’amitié, de sourires...

Dans la mosaïque de Tabgha nous voyons quatre pains et deux poissons, où est le cinquième poisson si ce n’est celui que chacun de nous apporte ?

« Nous n’avons que cinq pains et deux poissons ». Nous ne sommes peut-être encore plus simplement qu’un poisson, qu’un morceau de pain…

Nous connaissons des personnes qui rendent visite aux autres, qui passent du temps au téléphone pour réconforter les autres, d’autres qui prennent le temps de porter la communion aux malades, priant avec eux et passant quelques instants en leur compagnie. D’autres encore se privent d’un temps de détente pour visiter des personnes qui s’ennuient. Peu de choses, mais qui font une grande différence !

Jésus a été envoyé pour nourrir l’homme affamé de Dieu. Il y a un point important qu’il nous faut souligner : ce miracle est comme un signe de l’Eucharistie. Les gestes de Jésus sont les mêmes qu’à la Cène : “Il prit les cinq pains, il prononça la bénédiction, il rompit les pains, il les donna.” Ce pain qui est annoncé dans l’Évangile de ce jour, c’est celui de la Vie éternelle ; c’est son Corps livré pour nous et pour la multitude. De même, Il y eut douze paniers pleins des morceaux qui restaient. C’est l’annonce de la vraie multiplication des pains qui ne cesse de s’accomplir. Dieu nous donne une nourriture qui développe en nous notre capacité d’aimer. Tous les hommes sont “invités au festin des noces”. Il ne s’agit pas seulement de ceux qui sont présents physiquement mais de tous les hommes sans distinction. Tous sont invités à partager le don de l’Eucharistie, le don que Jésus fait de sa vie et qu’il fait totalement sans rien garder pour lui.

En sortant de cette messe, nous sommes envoyés vers les autres avec un panier plein. Comme autrefois, Jésus continue à nous dire : 

« Donnez-leur vous-mêmes à manger !» Comme le tournesol qui, tout au long de la journée, suit le soleil dans sa course, apprenons à nous tourner vers le Seigneur, qui nous invite à avoir un cœur tendre et à partager le peu que nous avons.

« Apportons nos cinq petits pains et nos deux poissons »