25ème Dim O

« Allez vous aussi à ma vigne, je vous donnerai ce qui est juste ! » Le problème du manque de travail est l’une des plaies de notre siècle. Dans nos pays industrialisés, des millions de postes de travail ont été supprimés ces dernières années. À travers le monde, la moitié de la population n’a pas de travail fixe et doit survivre avec un salaire de misère.

Le Christ souligne ici trois points importants :

Premièrement, tous sont invités à travailler dans la vigne du Seigneur. Dans cette vigne, il y a du travail pour tous et à tout heure, et il n’est jamais trop tard pour répondre à l’invitation de Jésus. Comme dirait La Fontaine : mieux vaut tard que jamais.

Ensuite, à l’heure de la paye, nous sommes assurés que le Seigneur nous donnera un salaire équitable et généreux : « Allez à ma vigne et je vous donnerai ce qui est juste ». C’est tout simplement ici la logique de la raison.

Finalement, et c’est probablement le point et le plus important, même si nous n’avons pas travaillé toute la journée, le Seigneur donne quand même un salaire…c’est alors la logique du cœur ! Le Seigneur est juste et il est bon, il nous invite à devenir comme lui juste et bon. « Cherchez Dieu », nous disait Isaïe dans la première lecture. Dieu ne règle pas sa conduite sur une justice purement humaine. Il aime aussi les derniers venus, les retardataires, les sans mérites. Sommes-nous des ouvriers de l'aube ou des ouvriers de la 11e heure ? Qui peut se vanter d'avoir toujours été fidèle ? – Ouvriers de la onzième heure à cause des circonstances de la vie, ou encore par négligence, insouciance ou manque d’intérêt -, le Seigneur continue à nous inviter.

Nous qui pensions être des ouvriers de la première heure, nous nous rendons compte que nous n’avons pas fait grand-chose jusqu’ici. Comme disait Ste Mère Térésa, Saint Vincent de Paul : j’ai fait si peu…Avec humilité, nous devons nous ranger parmi les ouvriers de la fin du jour, à côté des autres, pécheurs au milieu des pécheurs, conscients d’avoir fait si peu au cours de notre vie, mais comptant sur la miséricorde et la bonté de Dieu. Le matin, le midi ou le soir de notre vie, le Seigneur nous invite à sa vigne et nous promet un salaire juste, équitable et généreux à la fin de la journée.

Pour Dieu, nous ne sommes ni des mercenaires, ni des employés, mais des amis : «Mon ami, faut-il que tu sois jaloux parce que je suis bon ?» L’amitié, la tendresse et l’amour guident le comportement du Seigneur. S’il agissait selon notre mentalité mercantile et humaine, le journalier qui n’a travaillé qu’une heure retournerait à la maison les mains presque vides et ne pourrait nourrir sa famille. Dieu a donc pitié de lui, de sa femme et de ses enfants. Il ne s’agit pas de justice distributive mais de générosité gratuite. «Vas-tu regarder avec un œil mauvais parce que je suis bon ?» Notre Dieu est un Dieu qui répand ses bienfaits à profusion, qui « appelle » et « invite » à toute heure, à tout âge, dans toutes les situations... Dieu accueille l’enfant prodigue, recherche la brebis perdue, donne une autre chance au figuier qui ne porte pas de fruits, ouvre le paradis au bon larron, mange avec les publicains et les pécheurs, engage la conversation avec la Samaritaine, réintègre Marie-Madeleine à la communauté, protège la femme adultère, sort les lépreux de leur isolement, pardonne à Pierre après son reniement, choisi Paul de Tarse, le persécuteur, et appelle, reste attentionné envers tous.

Allez vous aussi à ma vigne ! Demeurez attachés au Seigneur le cep de Vie ! Nous sommes invités à dire l’espérance qui nous habite, nous sommes envoyés vers les autres, les blessés par les épreuves, la violence, la maladie… Portons et redonnons de la joie à ceux qui l’ont perdue, soyons des artisans d’unité, de réconciliation… Par la grâce du Seigneur devenons lumière pour ceux qui doutent, cherchent un sens à leur vie ou qui ont tout simplement perdu le sens de Dieu !

Enfin, le Seigneur nous invite à être comme ce vigneron qui sort dès le matin et tout au long de la journée. Sortir de nos déguisements, quitter nos façons de remettre nos masques et de coller des étiquettes sur le nez du voisin.

Sortons à la rencontre des autres pour entrer dans la vigne du Seigneur, lieu de bonheur et d’alliance avec Dieu et avec les autres, symbole de la bonté et de la générosité de Dieu !