Dans la première lecture nous entendons :  Le Seigneur a mis devant toi l’eau et le feu : étends la main vers ce que tu préfères.
    La vie et la mort sont proposées aux hommes, l’une ou l’autre leur est donnée selon leur choix.  Qui serait assez fou pour choisir la mort ?

Vivre, c'est choisir. Choisir entre le bien et le mal, entre la vie et la mort, entre le bonheur et le malheur. Nous sommes libres, non pour faire n'importe quoi, mais pour aimer.

La destinée de l’homme n’est pas un club de vacances éternelles auxquelles nous aurions accès si nous ne tuons pas et ne volons pas. Notre destinée c’est participer à la vie de Dieu et en Dieu.

Or, en Dieu il n‘est de place que pour l’amour. Tout le reste sera brûlé comme de la paille Ce que Jésus veut purifier, c’est le cœur de l’homme blessé, perverti, endurci par le mal, par le non-amour. Ainsi demande-t-il à ses disciples d'intérioriser la loi.

C’est un minimum indispensable à la vie en société de ne pas tuer, ne pas voler, ne pas tromper… Pour Jésus, il est hors de question de supprimer cette loi, ces acquis ; bien au contraire, il invite ses disciples et chacun de nous à aller encore plus loin. C’est comme dans une famille, la pratique d’un règlement interne ne suffit pas à la rendre heureuse : il lui faut de la solidarité, de l’accueil, du partage et surtout de l’amour.

Jésus nous rappelle ainsi que des paroles peuvent tuer : les calomnies, le harcèlement, les propos racistes sont un poison qui cause des dégâts importants. De même les médisances qui tuent la renommée des personnes. Aujourd’hui, Jésus nous propose la perfection de l’amour. Si nous refusons de faire la paix avec notre prochain, nous ne pouvons pas dire que nous aimons Dieu. Avant de manifester notre dévotion dans la prière, nous sommes invités à nous réconcilier avec lui.

En lisant cet Évangile, nous reconnaissons que nous sommes tous plus ou moins coupables. Or pour entrer dans le Royaume de Dieu, il faut avoir un cœur parfaitement pur. Rien d’impur ne peut vivre en présence de Dieu. Nous ne parviendrons pas à cette pureté avec nos pauvres moyens humains. Mais avec Dieu, tout est possible : nous sommes invités à nous ouvrir à lui en priant souvent, en aimant beaucoup, en recevant le sacrement du pardon et en participant à l’Eucharistie. Si nous nous engageons sur ce chemin de conversion, Dieu nous purifiera ; alors nous serons ces cœurs purs qui voient Dieu. Dieu sera en nous et nous en lui.

Nous sommes toujours appelés à aimer en vérité. Aimer est toujours une sortie de soi, un renoncement et donc un combat. Aimer ne peut éviter la croix. Aimer, c’est refuser le superficiel pour l’éternel. Aimer, c’est consentir nous laisser transformer en l’Amour qu’est Dieu.

Si l’offrande à l’autel est importante, plus importante encore est la réconciliation avec le frère ou la sœur.

Il s’agit donc d’une morale qui n'abolit pas la Loi et les Prophètes mais qui la rend plus parfaite : «Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux

Anne d’Autriche se confiait ainsi à saint Vincent de Paul : « J’ai tout voulu, Monsieur Vincent, et j’ai eu tout… tout ce que rêvait la petite enfant d’autrefois, le plus beau royaume du monde, le plus bel amour… les plus beaux diamants. Mais entre cette petite fille avide et cette vieille reine lourde de gloire et de bijoux, qui rêve en ce moment en face de vous, il me semble maintenant qu’il n’y a eu qu’un grand songe vide. Je n’ai rien fait… Vous, Monsieur Vincent, qui n’avez pensé qu’à donner, sentez-vous au seuil de la mort ce grand trou vide derrière vous, vous aussi ? – « Oui, madame. Je n’ai rien fait » – « Que faut-il faire dans une vie, Monsieur, pour faire quelque chose ? »   – « Davantage. » Aimer en vérité, servir et se donner tout en se consumant…et se laisser consumer par Jésus Christ !