« Soyez saints car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint. » C’est un ordre que Dieu nous donne, et non une invitation ; nous sommes tous appelés à la sainteté. Cela signifie que nous devons rejeter toute pensée d’orgueil et de haine. En Dieu, il n’y a pas de place pour la vengeance ni pour la rancune. Notre Dieu est amour. C’est à cela que nous sommes tous appelés.

En ce qui nous concerne, nous sommes loin du compte. Nous tombons si souvent dans le péché ; nous avons du mal à faire la paix avec celui qui nous a blessés. Mais le Seigneur est là pour nous relever et nous aider à avancer. Le pape François nous dit que Dieu ne se lasse jamais de nous pardonner. Il nous appelle tous à la sainteté qui est tout amour et toute douceur. Cela nous paraît sans doute bien difficile, humains de peu de foi que nous sommes. Mais avec des moyens très pauvres, le Seigneur est capable de réaliser des merveilles.

Dans la seconde lecture, saint Paul s’adresse à des chrétiens qui n’avaient pas compris. Il y avait beaucoup de divisions dans la communauté de Corinthe. C’est pour répondre à ces problèmes qu’il leur écrit cette lettre. Il leur rappelle (et nous rappelle) que nous sommes « le temple de Dieu ». Et puisque Dieu est amour, on peut dire que nous sommes le « temple de l’amour ». Si nous sommes habités par cette présence de Dieu, cela devrait tout changer dans notre vie. Cet amour que nous recevons de lui va nous rendre de plus en plus semblables à lui. Il va chasser la haine, la rancune, la violence et toutes les formes de méchanceté ; c’est un amour qui ira jusqu’au pardon. C’est à cela que nous serons reconnus comme disciples du Christ.

Dans l’Évangile, Jésus rappelle le commandement de l’ancienne alliance : « vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil, dent pour dent… » À l’époque c’était déjà un progrès considérable par rapport à la vengeance sans mesure. Dieu voulait apprendre à son peuple à limiter la vengeance : une seule dent et pas toute la mâchoire. Nous vivons dans un monde qui souffre de l’escalade de la violence et de la haine. Tous les jours, on nous parle de guerres et d’attentats terroristes. Comment aimer ceux qui nous persécutent et nous font souffrir ?

Et pourtant, si nous voulons ressembler à Dieu, il y a une nouvelle étape à franchir : limiter la vengeance, c’est un progrès. Mais dans son discours, Jésus nous invite à faire un pas de plus : si nous voulons vraiment ressembler à notre Père des cieux, nous devons nous interdire toute riposte, toute vengeance et toute haine.

Pour comprendre l’invitation de pardonner à nos ennemis, il faut regarder le crucifix : Jésus, le fils du Père, a voulu du bien à ceux qui lui voulaient du mal. Il a souffert et il est mort pour ceux qui le faisaient mourir. Ces exigences qui sont apparemment « impossibles à vivre », viennent de celui qui pardonne à ses ennemis sur la croix : « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font », de celui « qui fait lever son soleil sur la terre de l'athée persécuteur, comme sur le jardin des carmélites. »

« Vous avez entendu qu'il a été dit... Et moi, je vous dis. » « Je ne suis pas venu abolir la Loi mais l'accomplir ». La Christ vient accomplir la Loi, il vient la rendre plus parfaite avec un amour plus grand.

Cette force de l’amour, nous la retrouvons chez plusieurs des disciples du Christ. Le pasteur Martin Luther King, parmi tant d’autres, a démontré dans sa vie la « force d'aimer » qui vient de la grâce de Dieu. Face au racisme impitoyable et barbare que subissait la communauté noire de son pays, il osait proclamer l'Évangile dans toute sa pureté : « Faites-nous ce que vous voulez, mais nous continuerons à vous aimer. Jetez-nous en prison, mais nous vous aimerons encore. Envoyez à minuit vos cagoulards perpétrer la violence dans nos communautés et nous laisser à demi-morts, nous vous aimerons encore. »

Soyons parfaits comme notre Père céleste est parfait : O Père, rends-nous semblables à toi… Jour après jour conduis-nous sur les chemins de ta miséricorde, de ta tendresse et de ta force.