7ème dimanche Pâques

Dans la première lecture nous sommes au commencement de l’Eglise. Les apôtres réunis se rappellent les derniers moments de Jésus, ce moment où Judas s’en est allé à sa perte. Il était des leurs, il a été choisi comme eux par Jésus… Et aujourd’hui il n’est plus des leurs. Ils découvrent combien Le mal était au sein même du groupe des apôtres. Par le biais de Judas, le mal a attaqué le cœur même de ce qui devait devenir l’Eglise. Un équilibre a été rompu. Maintenant, on n’est plus dans la plénitude divine signifiée par ce nombre douze, on est dans autre chose, dans quelque chose d’un peu bancal, dans quelque chose d’incomplet, d’avorté, d’imparfait. Pierre comprend cela le premier. Alors, il se lève. Il se lève pour tenter de réparer ce désordre. Et il fait une proposition à la centaine de disciples qui l’entoure : il faut remplacer l’apôtre qui s’est montré défaillant. Fidèle à l’héritage reçu, Pierre éprouve la nécessité de reconstituer le noyau de l’Eglise à venir.

Qui est-il, ce Pierre, pour retoucher l’œuvre de Dieu ? On connaît son tempérament : Pierre est un impulsif, pour le meilleur comme pour le pire. Certains ont vu dans sa décision, un acte relevant de sa propre initiative, non inspiré par Dieu. Le doute est permis. Ceux qui voient dans cette initiative une action humaine invoquent quatre arguments :

·         ils disent que la Pentecôte n’a pas encore eu lieu et donc que le Saint-Esprit n’était pas encore à l’œuvre, et que par conséquent il ne peut pas encore éclairer l’action des disciples ;

·         ils soulignent que Matthias n’a pas eu un rôle majeur par la suite : et en effet on ne parle plus de lui après cet épisode ;

·         ils considèreront plus tard, le moment venu, l’apôtre Paul comme le douzième apôtre, choisi par Dieu ; 

·         enfin, il y a des moyens plus adaptés qu’un tirage au sort pour désigner un responsable de ce qui deviendra l’Eglise.

Pourtant, plusieurs choses devraient nous nous faire réfléchir : dans le passage qui précède celui que nous avons lu, Luc évoque les onze apôtres et il nous dit qu’ils étaient tous, unanimes, assidus à la prière. Ils sont donc dans de bonnes dispositions.

Nous voyons que Pierre s’appuie sur les Ecritures : il cite deux Psaumes : le Psaume 69 et le Psaume 109, deux Psaumes qui s’en prennent aux persécuteurs du juste.

Par ce recours à l’Ecriture, Pierre tente de trouver du sens à l’incompréhensible

Pierre pressent que l’aventure ne s’arrête pas avec la mort de Jésus

Aujourd’hui encore, à travers cette première lecture, nous devons comprendre que les décisions de l’Eglise ne font pas intervenir que des hommes, elles ne font pas intervenir non plus que Dieu, mais elles sont le fruit d’une étroite entente entre les hommes et Dieu. Pour prendre une bonne décision, il faut toujours de la confiance, et parfois même de la hardiesse.

Ce texte est là pour nous encourager dans ce sens. Dieu nous fait confiance. Il veut que nous soyons des amis, fidèles à l’Esprit Saint, à l’Amour de Dieu. Alors, en toutes choses sachons à la fois nous appuyer sur Dieu, à qui rien n’échappe, car il connaît toutes choses, mais aussi sur nos propres capacités de jugement et de discernement, qui nous ont aussi été données par Dieu. Que Dieu, par sa présence au milieu de nous en son Fils Jésus-Christ, par le don de son Esprit nous gardes unis dans son amour pour accomplir, les uns avec les autres, dans le respect des différences de chacun, son œuvre, que son Eglise porte ses fruits dans le monde et pour le monde.