Fête de tous les saints


Toussaint

Nous vivons dans un monde marqué par la précarité, c’est aussi le temps des incertitudes et des inquiétudes, des questionnements et l’avenir s’écrit le plus souvent avec des points d’interrogation.

Mais cette fête de tous les saints est comme un point lumineux sur les routes humaines de l’ici-bas trop souvent noyées dans les épais brouillards de l’absurde et du non-sens.

Au cœur de l’automne, voici le moment où nous contemplons le travail accompli. Les semis pour les prochaines récoltes de printemps ont été faits. C'est donc le moment d'une première halte.
Cette fête nous pose cette simple question : « Tout ce que j’ai fait, tout ce que je fais, je le fais dans quel but ? Qu'est-ce que je recherche ?
Cette fête nous renvoie à ceux qui nous ont précédés et que nous avons aimés. Nous sommes alors invités à raviver nos racines, car nous sommes ancrés dans la vie, dans l'amour et le labeur de tous ceux qui nous ont précédés. il y a la mémoire vivante d’hommes et de femmes qui ont voulu frayer des chemins d’Evangile au coeur même des réalités de leur époque et de leur culture. Ils ont osé prendre tous les risques de l’Amour en mettant leurs pas dans ceux du Christ ressuscité. Leur histoire est devenue une histoire sainte parce qu’on peut y lire les traces de Dieu avec lequel ils ont fait alliance et qui leur a fait goûter un bonheur qui avait déjà la saveur de l’éternité : c’est ce qu’on appelle les béatitudes.

Nous voici donc à ce carrefour entre le ciel et la terre, entre le visible et l’invisible, entre l’au-delà et l’ici-bas.

Ce recueillement, ce retour nous oblige à nous poser la question du sens de notre vie, vers où, vers quoi, vers qui allons-nous.
La Parole de Dieu de ce jour ne parle jamais de mort. Elle nous parle au contraire de vie, de joie, de bonheur. Elle veut nous aider à répondre aux questions que nous nous posons avec ce retour sur notre passé. Elle veut nous indiquer à quel avenir nous sommes invités et quels chemins nous font parvenir au bonheur.
Notre vie présente est confrontée aux divisions, à la haine, aux oppositions et à la violence, même si chez nous elle se manifeste beaucoup moins que dans les pays en guerre. Ce qui nous est proposé pour notre avenir, c'est de ne former qu'un seul peuple, le peuple de ceux qui espèrent en Dieu, qui ont confiance à son amour miséricordieux. En ce sens aujourd'hui, c'est la fête du Peuple de Dieu, la fête de tous ceux qui essayent de voir plus loin que le moment présent. Car la première lecture du livre de l'Apocalypse nous a proposé une vision d'anticipation : « Voilà, nous dit St Jean, quel sera l'aboutissement de notre cheminement ! » Car Dieu s'est engagé à ce qu'un jour nous soyons tous rassemblés, venant de tous les peuples, nations et générations : tous unis dans un même amour, un même bonheur, en présence de Dieu..
Le BONHEUR, tout le monde le recherche, le désire. Le Seigneur Jésus nous l'a promis, mais il ne triche pas avec nos sentiments, avec notre désir de bonheur. Dans cet Evangile, Jésus nous en donne le code. Par dix fois il déclare « heureux » ceux qui font ceci ou cela. Ce qu'il promet est exigeant. Car le bonheur, heureusement d'ailleurs, ne s'achète pas : c'est à nous de le faire avec la grâce de Dieu
Malheureusement, à force de matraquage publicitaire, on finit par confondre : donner du bonheur, parvenir au bonheur et se faire plaisir.

Le Seigneur nous fait confiance et nous sait capables de comprendre où est le vrai bonheur et de travailler pour y parvenir. Vivre simplement, humblement , sans prétention, mettre de la douceur où il y a de la violence, être scandalisé et même parfois révolté devant les injustices, savoir pardonner, être artisan de paix, résister à la médisance et à la calomnie... voilà de quoi faire de notre terre une anticipation du Royaume des cieux.
Alors tout simplement demandons au Seigneur de nous aider à prendre au sérieux la Parole de ce jour. Réjouissons-nous de l'espérance qui  nous est offerte : « Celui qui croit en moi, même s'il meurt, vivra ! »
En fleurissant la tombe de ceux que nous aimons, nous affirmons : « Tu es ce grain tombé en terre, et je peux t'aimer encore, car tu as été recueilli par le Seigneur Jésus. »

Combien de graines ont fleuri dans nos cœurs à travers la vie des saints ? Quel saint choisirons-nous pour guider nos pas et éclairer notre chemin ? Saints et Saintes de Dieu priez pour nous !