Voici, deux bougies posées l'une contre l'autre. La première était grande, belle et toute blanche. De l'autre, il ne restait plus qu'un petit bout à moitié fondu. La première bougie faisait l'importante ; elle se savait belle, surtout quand elle se comparaît à cette compagne presque entièrement consumée et toute ratatinée.
Comme il n'y avait personne d'autre à qui parler, elle se tourna dédaigneusement vers la petite bougie : - " Comment oses-tu rester près de moi, toi qui es à moitié brûlée et si vilaine ? Qu'est-ce que tu fais ici ? " - " Ah ! soupira la petite bougie, tu parles de beauté, mais qu'en sais-tu ? Tu n'as jamais brûlé ! Tu n'as jamais vécu ! Ce que je fais ici ? Tout simplement, je te parle de la vie. "
- " Tu veux donc me faire la leçon, à moi, espèce d'avorton, ricana la grosse bougie. Tu veux me parler d'une vie où l'on devient chaque jour plus petit, jusqu'à ce que, de toi, il ne reste RIEN ! Non merci ! C’est ça ton but, ta vie ? Moi, en tout cas, je veux rester grande et belle ! "
- " Sais-tu que, de moi, il reste bien plus que tout ce que tu vois ? répondit en souriant la petite bougie. "
- " Ah ! Et quoi donc ? dit la grosse bougie.
- " Toute cette lumière, toute cette vie que j'ai pu partager avec les autres... Tous ces souvenirs déposés au cœur des gens tandis que j'allais mon chemin... Toutes ces prières pour les personnes que j'ai rencontrées... "
- "Lumière et vie ? Que veux-tu dire ? "
-"Justement, tu ne le sauras que lorsque toi-même tu seras devenue toute petite et toute laide, comme moi ; mais tu dois d'abord te perdre. Alors seulement, tu deviendras ce que tu dois être.

Il faudra te laisser allumer, et tu découvriras ce que veut dire être lumière et vie.

Jésus nous dit aujourd’hui, vous êtes le sel de la terre, la lumière du monde :

Si le sel est là comme un fertilisant pour la terre, s’il est là pour conserver les aliments, il est aussi là pour donner du goût aux aliments, du goût à la Parole de Dieu, comme jadis, on mettait du sel sur les lèvres du baptisé…

Le Christ nous invite à donner du goût à notre vie et apporter un peu de chaleur, de fraternité et d’amour là où nous sommes. Il ne suffit pas de prier et de ne pas faire de mal pour répondre à l’invitation du Christ, il faut « faire la volonté de son Père ».

En plus d’ajouter de la saveur à la vie, notre mission est aussi de faire briller un peu de lumière dans notre monde, symbolisée par la lumière reçue à notre baptême.

Sans lumière, il n’y a pas de couleur, pas de beauté, pas de vie. Nous savons aujourd’hui que la lumière est une source essentielle à la vie.

« Que votre lumière brille » dans un monde souvent rempli d’obscurité. « Une ville située sur une montagne ne peut être cachée ».

Tenir notre flamme allumée est une histoire d’amour au quotidien. Si elle s’éteint, nous pouvons la rallumer à la flamme du Christ, symbolisé par le cierge pascal, comme par les sacrements.

Notre foi doit donner de la saveur à la vie et apporte un peu de lumière et de chaleur aux ténèbres autour de nous. Nous avons besoin de ces deux éléments essentiels car « l'homme ne vit pas seulement de pain ». (Mt 4, 4).

Le Christ ne nous demande pas de changer le monde, mais de lui donner de la saveur, de la chaleur et de la lumière.

Si le chrétien n'est plus sel pour un monde souvent fade et sans saveur, s’il n’est pas une petite lumière pour éclairer les ténèbres, il ne sert à rien. Le chrétien « caméléon », qui adopte toutes les modes et toutes les mentalités de l’heure, qui prend la couleur de son milieu de vie, n'a plus aucune utilité.

À ceux et celles qui s'affadissent, aux chrétiens qui deviennent incolore, inodore, sans saveur, Jésus dit, nous fait comprendre dans l’Apocalypse : « Tu n’es ni chaud ni froid. Si seulement tu étais chaud ou froid. Mais parce que tu es tiède, je te vomirai de ma bouche » (Ap 3, 1516).

Jésus ajoute : « Votre lumière doit briller devant les hommes afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est dans les cieux. » Ce n'est ni la gloire de la communauté, ni celle de l'Église qu'il faut rechercher, mais toujours et uniquement la gloire de Dieu.

Petit troupeau que sont les communautés chrétiennes, l'heure du service est toujours là : « Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde ».

Le Christ ne nous demande pas de changer le monde, mais de lui donner un peu de saveur, un peu de chaleur et de lumière.