Sacrement de l'Ordre

Ordination

Il s'agit d'un sacrement. Celui de l'ordre, il est réservé aux hommes et selon trois ordres différents. La plénitude du sacrement est conférée dans l'ordination épiscopale (les évêques). Ces derniers s'adjoignent des collaborateurs les prêtres. Depuis l'Eglise primitive il existe un autre ordre, celui des diacres. Les ministres ordonnés ont charge de guider l'Eglise.


Pourquoi les femmes ne peuvent-elles pas être prêtres ?

Dans nos sociétés occidentales, les femmes tiennent de plus en plus des postes traditionnellement réservés aux hommes. Comment ne pas s'étonner de la place discrète qu'elles occupent dans l'Église ? Les femmes ne peuvent pas célébrer, donner les sacrements, prononcer des homélies… Est-il vrai qu'aux premiers temps de l'Église, les femmes avaient une place plus importante ?

S. G. : C'est vrai, et c'est faux. C'est vrai car dès les premiers siècles, il y a eu des femmes prophètes, missionnaires, des diaconesses qui assuraient le service des chrétiens, et certains chefs de communautés étaient des femmes. À l'époque, l'Église cherche ses marques, elle est constituée de toutes petites communautés de quartiers ou de villages. Quand elle s'étend dans l'empire romain, l'Église change.  

Que signifie "chefs de communautés" ?

S. G. : Cela veut dire qu'elles avaient pour rôle d'organiser la vie de la communauté. Elles n'étaient pas prêtres. À l'époque, c'est-à-dire aux Ier et IIe siècles, l'Église comme institution était composée d'évêques et de diacres. Les prêtres n'avaient pas encore la place qu'on leur connaît aujourd'hui. Et certaines femmes avaient alors un rôle certainement plus important qu'aujourd'hui, si l'on cherche à comparer des situations très différentes. Or les temps ont changé, et l'Église aussi. D'autre part, votre question sous-entend que les femmes aujourd'hui n'ont pas une place importante, ce qui est faux.

Quand on lit le Nouveau Testament, on voit bien que beaucoup de femmes entouraient Jésus, et Paul également, qui leur confiait de nombreuses responsabilités. Avaient-elles aussi pour tâche d'organiser la "Cène du Seigneur", comme on disait ?

S. G. : Aucun témoignage ne l'atteste. Et sur saint Paul, les avis divergent. Il vivait dans une culture qui laissait peu de responsabilités aux femmes. Et certains passages de ses épîtres feront grincer des dents même les moins féministes ! Paul n'invente pas une nouvelle culture, il entraîne vers une réflexion nouvelle la culture dans laquelle il vit.

On peut tout de même dire qu'à partir d'une certaine époque, les femmes vont s'effacer ?

S. G. : Oui, à un moment donné, une certaine rigidité se produit, et c'est un pouvoir exclusivement masculin qui va s'exercer dans l'Église, à partir notamment des IVe et Ve siècles. Comme d'ailleurs à la même époque le pouvoir politique était l'apanage des hommes. Et cela changera très peu, jusqu'au XXe siècle. La Réforme protestante ouvre cependant des portes, et dans certaines branches du protestantisme, des femmes reprennent le rôle de diaconesse, ou même d'évêque. Mais cela reste peu répandu, même dans le monde protestant. Il y a aujourd'hui des femmes pasteurs, qui assurent le commentaire de la Parole de Dieu, de même que chez les juifs, il existe des femmes rabbins. Et donc aujourd'hui, les femmes catholiques ont souvent le sentiment que leur Église est dans l'impasse et se coupe de la moitié de l'humanité.

Pourquoi le concile Vatican II n'a-t-il pas abordé cette question ?

S. G. : Sans doute à l'époque n'avait-on pas encore perçu les grands changements que le mouvement féministe allait apporter, ni la vitesse à laquelle ces changements allaient se produire. Et de fait, en un demi-siècle, le monde a profondément changé.

Pour en revenir à l'histoire de l'Église, certaines femmes au Moyen-Age ont eu de très grandes responsabilités, des abbesses notamment…

S. G. : Bien sûr, on peut citer Hildegarde de Bingen ou Catherine de Sienne, de fortes femmes qui avaient un grand pouvoir. Je pense aussi  à l'abbesse de Fontevraud qui avait sous sa juridiction des communautés masculines. Ce qui a changé après la Contre-Réforme au XVIe siècle. Mais c'est vrai qu'au Moyen-Age, les femmes, dans la vie religieuse, avaient une bien plus grande liberté.

On peut regretter cette liberté, quand on est une femme aujourd'hui ?

S. G. : Oui, je suis d'accord. Mais au XIXe siècle aussi, le grand développement des congrégations féminines, lié aux œuvres sociales, a donné aux femmes une place importante.  Bien sûr, on ne parle là que des religieuses, non des épouses ou des mères de famille qui aimeraient aussi avoir des responsabilités dans l'Église.

En effet, on pourrait imaginer que des femmes prononcent des homélies ou donnent le sacrement des malades ou de réconciliation quand elles sont aumônier à l'hôpital. Théologiquement, qu'est-ce qui les en empêche ?

S. G. : Ces rôles que vous citez sont dévolus au prêtre seul. Il y a donc aussi beaucoup d'hommes qui ne peuvent pas le faire ! La question que vous me posez en réalité est la suivante : pourra-t-on un jour voir des femmes prêtres ? On n'en est pas là aujourd'hui. L'Église n'est sans doute pas prête à faire ce pas, sans doute parce qu'elle est fortement rivée sur des siècles et des siècles de tradition. Ce qui ne veut pas dire qu'elle ne peut pas évoluer sur certaines questions. Quant à savoir si nous verrons un jour des femmes prêtres dans l'Église catholique romaine, je dis parfois en plaisantant, puisque je suis religieux : Pas de mon vivant, mais mes petits-enfants peut-être !

 

L'argument selon lequel le Christ n'aurait eu que des hommes comme apôtres est-il théologiquement fondé ?

S. G. : C'est en effet sur cet argument que se fonde le ministère sacerdotal qui s'est développé très tôt dans l'Église. Aujourd'hui, peut-il encore tenir ? C'est un vrai débat. Quand Jésus choisit ses douze apôtres, il prend des hommes, des chefs de famille, il les prend à leur travail, parce que c'est ainsi que l'on voyait la place des hommes dans son milieu à son époque. Mais Jésus était entouré de femmes à qui il donne aussi des missions. Il ne les appelle pas pour faire partie des Douze, mais il était suivi par des foules qui comptaient autant de femmes que d'hommes.

Quel rôle alors les femmes d'aujourd'hui peuvent-elles jouer dans l'Église ? On parle de rôles complémentaires, de rôles différents…

S. G. : Je suis toujours peiné d'entendre ce que les femmes disent d'elles-mêmes dans l'Église. On a toujours l'impression qu'elles ont le sentiment d'avoir un rôle subalterne. Elles ne sont propres "qu'à" assurer l'accueil, "qu'à" fleurir l'église… Elles ont un rôle éminent dans la transmission de la foi, mais ce rôle est dévolu à tous les chrétiens. Je crois qu'elles pourraient jouer aussi un grand rôle dans le commentaire de la Parole de Dieu, ce qu'elles font déjà dans de petits groupes, mais pourquoi  pas, je parle en mon nom, publiquement pendant la messe ? Je ne vois pas pourquoi une femme qui a fait autant d'études de théologie qu'un homme ne pourrait pas partager et commenter la Parole de Dieu. Mais toutes ces questions sont liées au ministère sacerdotal.

Outre la transmission de la foi, que peut-on dire d'autre ?

S. G. : Vous savez bien qu'il n'y a jamais eu autant de femmes dans l'Église, et même à des postes de responsabilités. Un fort pourcentage de femmes assurent la catéchèse. Et je ne sais pas comment l'Église pourrait fonctionner si les femmes n'assuraient pas un certain nombre de travaux "subalternes". Mais on ne peut pas en rester là. Il faudrait repenser le partenariat hommes-femmes bien plus largement.


Le rituel de l'ordination d'un prêtre

La liturgie commence par un premier geste essentiel. Le futur prêtre est présenté à l’évêque, ce n’est pas lui qui se propose seul à l’ordination, après une interrogation publique sur ses aptitudes, si le discernement a été bien fait il est jugé digne de devenir prêtre, et toute l’assemblée chante sa joie avec le Gloire à Dieu. Le prêtre en effet est d’abord au service du Peuple de Dieu par les sacrements. Après ces rites d’introduction la messe se déroule normalement, autour de la Parole de Dieu. Après l’homélie, le rituel propose les gestes spécifiques du sacrement de l’ordre.

Il y a un dialogue public entre l’évêque et le futur prêtre : ce dernier s’engage devant tous à vivre son ministère de prêtre selon ce que demande l’Église. Suit ensuite la grande litanie des saints, prière de toute l’Église pour et avec celui qui allongé sur le sol ne pourra jamais tenir ses promesses sans l’aide, le soutien du Seigneur, son pardon et la force de la prière et de l’amitié de la communauté. Le fait d’être allongé au sol signifie aussi que toute la vie du prêtre devra être un chemin par lequel avanceront tous ceux qui voudront découvrir le Christ. C’est le sens de la vie d’un prêtre. Ensuite tous les prêtres présents vont imposer les mains personnellement sur la tête du futur ordonné signe de communion et d’accueil. Puis l’évêque dira la grande prière d’ordination entouré de tous les prêtres.

Viennent ensuite les rites complémentaires. Chaque ordinand reçoit les vêtements sacerdotaux (l'étole et la chasuble). L'évêque lui fait une onction de Saint Chrême sur la paume des mains (signe de la consécration), cette huile parfumée a été consacrée à la messe chrismale au cours de la semaine sainte. Cette huile sert à tous les sacrements dit "à caractère" ce que l’on ne reçoit qu’une fois et qui ne peuvent être annulés.

L’évêque dans un dernier geste significatif remet au nouveau prêtre la patène et le calice qui sont les instruments nécessaires pour l’eucharistie. Enfin l’évêque lui donne le baiser de paix traditionnel depuis les Apôtres. Toute la communauté des prêtres, par ce baiser de Paix accueille le nouveau prêtre

Célibat et crise des vocations

De plus en plus de voix s'élèvent dans l’Église catholique latine pour demander la modification de la discipline imposant le célibat aux prêtres. Les arguments avancés sont multiples, allant des plus sérieux au plus farfelus.

Pour faire le point et clarifier le débat, nous reproduisons ci-dessous la libre opinion de Mgr Frikart, publiée dans le journal La Croix. Vous y trouverez bien exposées les raisons historiques et théologiques qui ont conduit l’Église catholique latine à demander le célibat à ses prêtres. L'ancien évêque auxiliaire de Paris s'engage également personnellement en présentant ses arguments.

 

Libre opinion de Mgr Frikart

Je regrette toujours que l'on présente la discipline de l'Église catholique, en ce qui concerne le statut du prêtre, en termes culturels, conjoncturels et donc, de l'avis de certains contemporains, obsolètes à notre époque. Le choix du célibat du prêtre n'est pas conditionné par une culture, mais par la Bonne Nouvelle. Le célibat pour le Royaume n'a jamais été à la mesure d'aucune culture. Il a d'ailleurs toujours été suspect à l'opinion publique. Faut-il s'en étonner ? Jésus avait prévenu ses disciples... "Comprenne qui pourra" (Mt 19, 12).

 

La longue tradition de l'Église latine, qui n'appelle au sacerdoce que des hommes ayant accepté l'appel au célibat, ne signifie pas un lien nécessaire entre célibat et sacerdoce. Ainsi, Rome reconnaît comme légitime l'ordination d'hommes mariés au sein de la tradition orientale en communion avec le Pape... Et même, dans quelques cas, dans le rite latin.

 

Les raisons historiques et théologiques qui ont conduit à cette discipline ont été évoquées par Vatican II et, plus récemment, par Paul VI et Jean-Paul II. Le célibat consacré n'est pas présenté comme une condition supérieure, comme une alternative àla condition ordinaire des hommes et des femmes - autrement dit au mariage. Le célibat et le mariage sont tous deux des vocations évangéliques qui, chacune à sa manière, traduisent l'indispensable amour qui doit habiter et illuminer toute vie humaine, particulièrement chrétien.

Précisions de Vatican II

Vatican II a précisé cette perspective en rappelant la vocation universelle à la sainteté, ce qui veut dire que mariage et célibat sont tous deux des chemins de sainteté. Mais parce que le célibat à cause de Jésus-Christ traduit d'une manière originale, singulière et sans équivoque, l'absolue suite du Christ - qui est la vocation de tous -, certains sont appelés à le choisir librement... et particulièrement le prêtre. 

Paul VI s'explique à ce sujet dans sa lettre apostolique sur le célibat des prêtres. "Le sacerdoce chrétien, écrit-il, qui est nouveau et qui ne se comprend que dans la nouveauté de Jésus-Christ, est une participation réelle à son sacerdoce unique. Il est alors normal que l'Église souhaite appeler au service du Seigneur des hommes qui acceptent la condition de vie de Jésus qui est resté sa vie durant dans l'état de virginité, pour signifier son dévouement total au service de Dieu et des hommes."

Au demeurant, les responsables de l'Église n'ont cessé d'être conscients de la difficulté d'un tel engagement d'amour... C'est vrai, "c'est une folie pour les hommes" (1 Co 1, 18s). Pour passer "par ces épreuves du feu" (Jean-Paul II), ils ont constamment insisté sur la nécessité de la confiance totale en Dieu, celle qui faisait dire à Paul : "Je peux tout en celui qui me rend fort". (Ph. 4, 13).

Pour ma part, je ne crois pas que le célibat soit la raison du déficit des vocations sacerdotales. Des confessions chrétiennes qui n'ont pas ce prétendu "handicap" connaissent également un reflux des candidats au ministère. Les vocations naissent au coeur des communautés chrétiennes vivantes, au sein de familles chrétiennes convaincues... Ce sont elles qui appellent et créent les conditions d'une réponse généreuse et joyeuse.

Discernement

 Je crois aussi que la vocation naît de l'écoute du cri de l'humanité. Encore faut-il discerner, traduire le cri. Si le Christ est allé vers les hommes tels qu'ils sont, ce n'était pas pour s'aligner sur leurs espoirs, ni d'ailleurs pour les mépriser ou les ignorer, mais pour les convertir en l'Espérance. Saint Pierre en a su quelque chose (Mt 16, 21s)...

Enfin, tout en reconnaissant la misère de bien de ses ministres et des disciples, je ne crois pas que l'Église soit aux abonnés absents. Elle demeure la ligne sur laquelle la grâce, qui ne fait jamais défaut, continue à passer. C'est la promesse du Christ. Mais gardons-nous de possibles "virus" qui peuvent brouiller cette ligne. L'orgueil en est un. Il faut demander l'intelligence de l'humilité au Saint-Esprit.

"Mon Père" ou "Monsieur l'Abbé" ?

"Mon Père", "Père", ou "Monsieur l’Abbé", sont des manières de s’adresser à un prêtre. Le P. Sagadou, assomptionniste du Burkina Faso donne quelques explications éclairantes. 

 

A un médecin, on dit "Docteur", à un avocat "Maître"… Globalement, le titre dit quelque chose de la relation que nous voulons entretenir avec la personne à laquelle nous nous adressons. Au Burkina Faso, mais aussi dans d’autres pays, habituellement, "Monsieur l’Abbé" se dit à un prêtre séculier, un prêtre diocésain, et "Mon Père" à un prêtre religieux.

 

Un prêtre séculier (diocésain), c’est un prêtre qui dépend directement de l’Evêque, il est son collaborateur. En général, il est responsable d’une paroisse et alors, on lui dit : "Monsieur le Curé"  et "Monsieur le Vicaire" quand il s’agit de son adjoint.

 

Les prêtres religieux, eux, vivent en général en communauté et ont prononcé trois "vœux", c’est-à-dire des promesses à Dieu dont les modalités sont précisées par le droit de l’Eglise (qu’on appelle Droit canonique) : pauvreté (mise en commun des biens), chasteté (célibat), obéissance (au supérieur). Les familles religieuses sont nombreuses : Bénédictins, Dominicains, Franciscains, Jésuites, Rédemptoristes, Camilliens, Assomptionnistes…. Autant de manières de vivre les trois vœux cités. Dans ces communautés, il y a aussi souvent des religieux qui ne sont pas prêtres : on les appelle "Frère".

 

Au féminin

 

L’équivalent féminin est "ma sœur". Les vœux de la vie religieuse ne sont pas liés au sacerdoce. Ce qui fait l’identité de la vie religieuse ce sont les vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Un religieux qui se marierait renoncerait à un élément essentiel de sa vocation. Le prêtre séculier, lui, ne fait pas à proprement parler de vœu, mais s’engage au célibat.

 

Dans l’ Eglise Catholique romaine de rite latin, on ne choisit comme prêtres que ceux qui sont décidés à rester célibataires. Quand un prêtre se marie, on lui demande de ne plus exercer de ministères. Dans beaucoup de pays se répand de plus en plus l’usage d’appeler tous les prêtres, les évêques et les cardinaux  "Mon Père" ou "Père". On dira volontiers : "Le Père Evêque". Tout cela est finalement  une question d’usage.

 

Signalons quand même qu’à l’origine, le terme "Abbé" désignait le Père d’une communauté monastique. Normalement, le Père Abbé d’un monastère est élu à vie, car dans une famille on ne change pas de père à intervalles réguliers. Lors des grandes fêtes chrétiennes désignées sous le nom de "Solennités", le "Père Abbé" du monastère peut utiliser les insignes pontificaux (crosse et mitre) qui symbolisent la juridiction paternelle qu’il exerce dans son monastère. Il n’est pas évêque, mais sa charge a quelque chose à voir avec la mission pastorale des évêques.

P. Jean-Paul Sagadou, assomptionniste, 2012, article paru dans le quotidien burkinabè l’Observateur Paalga