JEUDI SAINT

A vue humaine Jésus a échoué dans sa mission. Seuls les apôtres et quelques femmes sont là autour de Jésus.
Qui soutient Jésus ce soir ? Sa Mère, quelques femmes et Jean que l’on retrouvera au pied de la croix.

Mais Jésus avance avec ce petit reste qui est comme un trésor, le trésor de ceux que le Père a donné à son Fils. Ces quelques-uns, une poignée de mains, qui se mis à suivre Jésus : Maître où demeures-Tu ?  Venez et voyez répond Jésus.

Nous sommes ce soir, ici et à travers le monde, ce petit reste.

Sachant que l’heure était venue pour Jésus de passer de ce monde à son Père… Voici l’heure ! Allons de la pâque juive à la Nouvelle Alliance, depuis le premier signe à Cana jusqu’à ce jour.

Jésus ayant aimé les siens les aima jusqu’au bout, non pas jusqu’à la fin mais jusqu’au comble de l’amour, la VIE DONNEE.

Jésus ouvre la porte de sa demeure, la porte qui conduit au Père, la porte eucharistique, où Dieu fait grâce et où l’homme rend grâces. (Bx Christian de Chergé)

Ce que j’ai fait pour vous, faites-le, vous aussi » (cf. 13, 13-15). Autrement dit : vous m’avez suivi, vous, le petit reste, et vous avez depuis longtemps cherché où était ma demeure. Eh bien vous venez d’y entrer, et je viens de faire pour vous le geste de l’hospitalité. Cette demeure, c’est une façon nouvelle d’être et de vivre, filiale envers le Père, fraternelle envers les autres. Parce qu’elle est bâtie sur le roc de l’amour, cette demeure eucharistique ne s’effondrera pas : les pluies pourront tomber, les torrents pourront dévaler, le péché pourra la trahir, la souffrance pourra l’ébranler, la mort pourra s’y engouffrer… mais rien ne pourra vous séparer de cet amour qui vient du Père et qui, en Jésus, se donne à tous : « Ma vie, nul ne la prend mais c’est moi qui la donne » (10, 18).

C’est toute notre existence qui doit être eucharistique. Jésus apprend à Pierre, nous apprend à se laisser faire afin d’avoir part au don de Dieu : « Devenez ce que vous recevez ! ». Pour nous dire son amour, Jésus ne nous regarde pas de haut. Il se met à genoux et nous supplie de le laisser faire puis de faire pour les autres ce qu’il a fait pour nous.

Nous cherchons bien plus souvent à faire qu’à se laisser faire, à réciter des prières plutôt qu’à écouter la Parole, à remplir des agendas plutôt qu’à recevoir chaque journée comme un don, à compter nos forces plutôt qu’à compter sur Dieu, à se construire une bonne conscience plutôt qu’à se laisser regarder comme on est, afin de nous laisser aimer et pardonner. Ce n’est pas facile de laisser Dieu s’agenouiller devant chacun, même devant ce frère que je n’aime pas.

Méditons ce soir ces paroles adressées par l’ Abbé Huvelin à Charles de Foucauld avant son ordination : « On fait du bien non dans la mesure de ce qu’on dit et de ce qu’on fait, mais dans la mesure de ce qu’on est, […] dans la mesure en laquelle Jésus vit en nous. »

Ce soir, rendons grâces à Dieu pour les dons qu’il fait à son Église, dans la diversité des vocations

Prions l’Esprit Saint d’appeler des jeunes à prendre eux aussi le tablier de service et à cheminer vers leur vocation dans l’Église et pour le monde

Aujourd’hui, demain, après demain… ! Laissons-nous regarder par le Christ, d’un de ces longs regards d’amour qui dit à chacun : « Lève-toi ; n’aie pas peur ; tu as du prix à mes yeux et je t’aime ; fais pour les autres comme j’ai fait pour toi ; viens et suis-moi ! » Chacun selon son état de vie.