PAQUES

Avouons que ces évènements sont déconcertants. Nous sommes habitués avec Jésus à des signes qui ne trompent pas ! Aujourd’hui le seul signe qui nous est donné est celui d’un vide, comme le tombeau, et d’une absence inattendue, où est le corps du Seigneur ?

Que se passe-t-il ?

Vendredi, avec la mort de Jésus, injustement condamné au supplice de la croix, nous avions le sentiment déchirant d’avoir tout perdu. Et pourtant, comme Marie Madeleine, nous sommes venus au tombeau de bon matin car quelque chose en nous ne cessait d’espérer contre toute espérance. Jésus, qui passe dans notre vie en faisant le bien, lui que Dieu a consacré par l’Esprit Saint et rempli de sa force : comment pouvait-il être mort à jamais ? Alors, comme Marie Madeleine, tandis qu’il fait encore nuit dans notre cœur, nous nous rendons au tombeau. elle va au tombeau, poussée par son espérance, pour garder vif en son cœur le souvenir de celui qu’elle aime et qui lui a fait tant de bien. Et que voit-elle au tombeau ? La pierre qui en fermait l’entrée a été enlevée ! Le corps du Seigneur aurait-il été dérobé ? la pierre n’a pas rempli son office, elle n’a pas retenu le mort. Le mort s’est relevé. La pierre est roulée. La mort est roulée par la résurrection.

Qu’y a-t-il dans ce tombeau sinon le linge qui a enveloppé le corps du Seigneur à un détail important : il est roulé à part et à sa place, comme pour souligner que le corps du Seigneur n’a pas été enlevé.

Ainsi, la Résurrection, n’est pas célébrée comme une évidence qui saute aux yeux et qui s’impose à tous. Nous sommes renvoyés à l’humilité.
Jésus le ressuscité demeure cet Agneau qui ne s’impose pas mais qui vient à nous dans l’humilité, dans le silence du cœur.

Humblement, approchons-nous du tombeau vide.

Il nous faut revenir au tombeau avec Jean, le disciple qui était au pied de la croix, qui arrivé au tombeau, vit l’absence du corps du Christ, les linges pliés et il crut. Jean a posé sa tête sur le cœur du Christ au soir du Jeudi Saint, il a suivi le Christ dans sa Passion, jusqu’au pied de la croix, jusque dans la mise au tombeau du Corps du Christ. Il a accueilli Marie chez lui, il s’est laissé instruire à nouveau par Marie qui méditait tous ces évènements dans son cœur. le mort est absent du tombeau, c’est-à-dire que la mort a disparu, la vie l’a emporté.

Dans le temps du carême, nous avons cherché, avec la grâce de Dieu, à approfondir notre foi, notre espérance et notre charité, à changer de regard : à voir davantage du point de vue de Dieu et de Jésus, et moins du nôtre.

Jean n’a pas besoin de miracle, pas besoin de voir Jésus dans son corps de ressuscité, il a la certitude Christ Vivant et Ressuscité parce qu’il croit humblement à son amour.

Saint Paul nous avait prévenus : « Vous êtes ressuscités avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu », ce que vous êtes ne paraît pas encore, ce que vous êtes déjà en vérité – des ressuscités avec le Christ ressuscité – n’est pas encore pleinement manifesté. Mais nous le sommes déjà ! À l’exemple du disciple bien-aimé, il nous faut grandir toujours dans la foi :  foi en la résurrection de Jésus, foi en notre propre résurrection. C’est cette foi que nous allons proclamer dans un instant en renouvelant les promesses de notre baptême.

Nous non plus, nous ne voyons pas de signes évidents de la résurrection du Seigneur et de notre propre résurrection. Nous n’en voyons que d’humbles signes : de l’eau qui nous asperge, du pain et du vin qui nous nourrissent, des gestes d’amitié donnés et reçus, des paroles de pardon échangées, des mains tendues, des mains, des coeurs qui s’ouvrent.

La vie du Ressuscité nous est donnée, à nous d’en vivre, et ce dans toute votre vie. À nous de l’annoncer aussi : Christ est ressuscité, alléluia, il est vraiment ressuscité, alléluia !